Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/159

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leurs chasses ne consistent pas seulement dans des attaques de vive force ; qu’ils employent aussi pour saisir les animaux, toute sorte d’embûches et de pièges : leur caractère se compose des habitudes de l’audace et de celles de la ruse ; leurs mœurs présentent la réunion de la perfidie et de la cruauté.

La nature sombre et farouche qui s’offre sans cesse aux regards de ces peuples, contribue sans doute beaucoup à confirmer la dureté de leurs penchans. Quelles douces impressions l’homme pourroit-il recueillir au sein de ces forêts ténébreuses, couvertes de neiges, au milieu de ces brouillards presqu’éternels ? dans ces marais fétides, qu’enveloppent de meurtrières exhalaisons ? à l’aspect de ces rocs hérissés, dont les torrens furieux rongent et minent les bases ? La présence continuelle de ces tableaux de destruction ; la lutte contre les animaux féroces, qui viennent sans cesse disputer à l’homme, l’empire de ces lieux désolés ; enfin, les intempéries d’un ciel âpre et rigoureux, et des saisons qui ne se succèdent que pour amener de nouveaux désastres : tout, en un mot, n’y concourt-il point à nourrir dans le cœur, des sentimens malheureux et