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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/404

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certains autres appétits, ou penchans particuliers, qui n’acquièrent cependant toute leur force, que beaucoup plus tard, et lorsque le corps a pris à-peu-près tout son accroissement : comme, par exemple, l’instinct du chien de chasse, qui, suivant la race à laquelle il appartient, poursuit de préférence, tel ou tel gibier, et se sert naturellement, sans aucune instruction préalable, de différens moyens pour le saisir ; la rage du tigre, que rien ne fléchit, ni les bons ni les mauvais traitemens, et qui, gorgé de sang et de chairs, n’en est que plus ardent à déchirer tout ce qui lui présente l’image de la vie ; la haine du furet pour le lapin, dont la vue et l’odeur, même assez lointaine, le font aussitôt entrer en fureur, et qu’il reconnoît dès l’instant, pour son ennemi, pour l’objet d’un invincible penchant de destruction, sans l’avoir jamais vu, sans avoir dans son souvenir aucune trace relative à ce foible et paisible animal.

En effet, toutes ces tendances de l’instinct tiennent essentiellement à la nature intime de l’organisation : les premiers traits, sans doute, en sont gravés dans le système cérébral, au moment même de la formation du