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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/432

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font naître à l’instant dans l’âme, certains sentimens, que les lois primitives de l’organisation paroissent leur avoir subordonnés. La tendresse, la mélancolie, la douleur sombre, la vive gaîté, la joie folâtre, l’ardeur martiale, la fureur peuvent être tantôt réveillées, tantôt calmées par des chants d’une simplicité remarquable : elles le seront même d’autant plus sûrement, que ces chants sont plus simples, et les phrases qui les composent, plus courtes et plus faciles à saisir. Dans la voix parlée, il est également des intonations qui semblent ébranler tout l’être sentant : il est des accens qui, sans le secours d’aucunes paroles, et même quelquefois malgré le sens ridicule ou trivial de celles dont on les accompagne, vont toujours droit au cœur, et le remplissent de puissantes émotions. Ce sont les cris menaçans ou pathétiques des missionnaires, qui saisissent un grossier auditoire, bien plutôt que leurs discours, et sur-tout que les raisonnemens par lesquels ils tachent de le subjuguer. Il ne leur est pas du tout nécessaire pour réussir, que les personnes qui les écoutent, puissent suivre ces raisonnemens, entendre ces discours : et l’on sait que les conversions opérées