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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/45

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robuste, mais peu sensible, de ces peuples dont Montesquieu dit, qu’il faut les écorcher pour les chatouiller. c’est pour cela que les derniers Navigateurs, auxquels on doit de si belles descriptions des côtes occidentales du nord de l’Amérique, ont observé chez les sauvages habitans de l’entrée de Cook[1], une insensibilité physique si grande, qu’elle est à peine égalée par la férocité de leurs habitudes morales. Ils les ont vus s’enfoncer dans la plante des pieds, ordinairement si sensible à cause des innombrables extrémités de nerfs qui la tapissent, de longs morceaux de bouteilles cassées, dont les blessures sont parmi nous si douloureuses, parce qu’elles déchirent plutôt qu’elles ne coupent : et ils faisoient cela, sans avoir l’air d’y donner la moindre attention. On les a même vus se taillader tout le corps, avec les mêmes morceaux de verre, pour toute réponse aux avis que les matelots vouloient leur donner à ce sujet.

Il faut donc joindre aux effets moraux que nous avons déjà notés, ceux que nécessite ce

  1. Voyez les Voyages de Meares, de Dixon, de Vancouvers, &c.