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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/69

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On a déjà remarqué que le régime appelé maigre, et sur-tout les jeûnes et les abstinences, remplissent mal le but d’éteindre les désirs amoureux, et de régler l’imagination, dont les désordres contribuent bien plus que les besoins physiques réels, à nourrir des passions profondes et funestes. Rien n’est assurément plus mal entendu. Mais ce but n’étoit pas le seul qu’eussent à remplir les fondateurs d’ordres : il n’étoit pas même à beaucoup près, le plus important pour eux. De quoi s’agissoit-il en effet ? De plier au joug une réunion d’hommes dans toute la force de l’âge, que la retraite et l’uniformité de leur vie ramenoient sans cesse aux mêmes impressions, et qui pesoient longuement sur leurs moindres circonstances ; à qui la méditation contemplative et l’inexpérience du monde, en leur offrant sans cesse des peintures chimériques de ce qu’ils avoient perdu, devoient nécessairement inspirer les idées les plus bizarres, les penchans les plus fougueux : il s’agissoit de ranger ces êtres dégradés, à des lois encore plus absurdes qu’eux-mêmes, à des lois qui violoient et fouloient aux pieds tous les droits et tous les sentimens de la nature humaine. Il fal-