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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/68

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son sentiment habituel, ou plutôt les irritations trompeuses et les désirs qui en résultent. Le moral s’altère alors, en raison directe de l’altération des organes ; et l’état de ces derniers peut fournir à l’observateur la mesure des désordres de l’intelligence et du délire des penchans.

Plusieurs fondateurs d’ordres ont eu l’intention formelle d’affoiblir leurs religieux, en leur interdisant l’usage de la chair : ceux qui ont voulu les affoiblir davantage, leur ont interdit en même temps, celui du poisson. Quelques-uns de ces législateurs pieux sont allés plus loin : ils ont prescrit des saignées, plus ou moins fréquentes ; ils ont tracé les règles de leur administration. Cette pratique est ce qu’ils appellent, dans leur latin barbare, minutio monachi : et, suivant la température et l’état physique du pays, suivant le régime et les travaux habituels des communautés, suivant le tempérament et le caractère de chaque moine, ils ordonnent d’éloigner, ou de rapprocher les saignées, de les rendre plus, ou moins abondantes, en un mot, d’amoindrir le moine (minuere monachum), suivant l’exigeance des cas.