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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/93

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fois. Il est encore vraisemblable que les impressions voluptueuses qu’ils procurent souvent, dépendent des circonstances dans lesquelles on a l’habitude de les employer, qu’elles se lient à d’autres impressions, ou à des idées particulières qui les réveillent. Si pour un sultan, couché sur son sopha, l’ivresse de l’opium est accompagnée de l’image des plus doux plaisirs ; si elle occasionne chez lui, cette douce et vive commotion que leur prélude fait naître dans tout le système nerveux : à cette même ivresse, sont liées dans la tête d’un janissaire, ou d’un spahi, des idées de sang et de carnage, des transports et des accès, dont la fureur barbare n’a sans doute aucun rapport avec les plus vives agitations de l’amour. Et c’est en vain qu’on allègue en preuve des vertus aphrodisiaques de l’opium, l’état d’érection dans lequel on trouve souvent les Turcs restés morts sur le champ de bataille. Cet état dépend sans doute du spasme violent et général, ou des mouvemens convulsifs dont le corps s’est trouvé saisi dans l’instant de la mort : mais voilà tout ce qu’on peut conclure de cette observation ; car on l’a faite aussi parmi nous, sur les cadavres de plu-