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Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/138

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cahiers de la quinzaine


des batailles qui ne réside que dans l’événement, autant il est stupide, et il est de désobéissance de vouloir que le bon Dieu travaille à notre place, et d’avoir le toupet de le lui demander. Demander la victoire et n’avoir pas envie de se battre, je trouve que c’est mal élevé.

§. — Les croisés, entre tous autres saint Louis, qui faisaient une guerre sainte, qui se battaient littéralement pour le corps de Dieu, pour le temporel de Dieu, puisqu’ils se battaient pour le recouvrement du tombeau de Jésus-Christ, ne s’y fiaient pourtant pas. Ils ne priaient pas comme des oies, qui attendent la pâtée. Ils priaient, mieux que nous, et ensuite, et si je puis dire en exécution de leur prière, et presque déjà en couronnement de leur prière ils se battaient, eux-mêmes, tant qu’ils pouvaient, de tout leur corps, et eux-mêmes de tout leur temporel. Car dans le temporel et pour la conquête du temporel il faut aussi engager le temporel. Aide-toi, le ciel t’aidera, ce n’est pas seulement un proverbe, de chez nous, et une fable de la Fontaine, c’est une théologie, et l’ordre de marche, et la forme même du commandement. Et la seule théologie qui soit orthodoxe. Les autres seraient hérétiques.

§. — Pareillement Jeanne d’Arc qui assurément ne fit pas la guerre sainte mais qui certainement avait pensé à la guerre sainte, à une continuation et au couronnement de la croisade, et qui fit non seulement une guerre

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