Aller au contenu

Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
les tapisseries


Du vieux pont qui menait leur caduque allégresse,
Quand ils chemineront tout le long du fossé,
Quand ils retrouveront dans les jours du passé
Les jours de leur candeur et de leur maladresse,

Quand ils s’avanceront tout le long du rempart,
Quand ils regarderont les hautes cheminées,
Tout gauches, tout perdus, percés de part en part
Par le ressouvenir des anciennes années ;

Quand se réveilleront dans les champs de glanage
Tant de glaneurs péris pour des péchés mortels,
Mais quand se dressera le plus haut patronage
Pour les reversements les plus sacramentels,

Quand dans le même lieu les plus hauts personnages
Ne seront pas plus grands que les derniers venus,
Quand les dais les plus lourds, et les plus saugrenus,
Ne vaudront pas plus cher que de pauvres ménages,

Quand vos enfants perdus, ô reine de misère,
S’avanceront ainsi le long des anciens bois,
Quand ils s’enfonceront pour la dernière fois
Dans la route commune et pourtant solitaire ;