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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/99

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ÈVE


Quand ils s’avanceront le long des anciens prés,
Dans la mansuétude et le recueillement,
Quand ils s’enfonceront tout le long des regrets
Dans la désuétude et le défeuillement ;

Quand ils s’avanceront dans leur dernier chemin,
Comme le jeune Hémon et la belle Antigone,
Quand le dernier bleuet et le dernier jasmin
Et la douce pervenche et la chaste anémone

Étendront sous les pas de ces derniers passants
Le dernier étendu des tapis de la terre,
Et quand la sagittaire et quand le fumeterre,
Vainement étendus vainement florissants,

Étendront sous les pas de cette immense armée
Le dernier étendu des linceuls de la terre,
Et quand la cicutaire et quand la serpentaire,
Vainement vigilante et vainement armée,

Et vainement poignante et vainement vivace,
Étendront sous les pas de vos derniers enfants,
Vainement accablés, vainement triomphants,
Le dernier drap du lit pour la dernière race