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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/53

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quis ne position éminente dans l’économie française. Il faut bien considérer que ses talents commerciaux et financiers, qui ont paru l’emporter sur les qualités françaises, ne sont pas la cause déterminante de sa puissance, mais leur valeur relative a été décuplée par la situation psychologique que la vie politique a faite aux Juifs en France. Vaincus politiquement, les bourgeois conservateurs français ont été amenés à subir tant dans leur vie politique que dans leur vie commerciale et industrielle un sentiment général qui accordait la supériorité à toutes les méthodes, politiques ou économiques, des triomphateurs. L’opinion publique, fortement démocratisée (et avec elle quelques représentants de la culture), reconnut aux juifs une supériorité générale, incontestable, disait-on, dans le commerce et la finance. C’était faux, ou au moins tout à fait excessif. Le vrai est que les Juifs, dans leurs entreprises privées, bénéficièrent de l’opinion que l’on se forgeait de leurs ressources, et qu’ils apportaient dans leur action économique d’autant plus d’audace que leurs victoires politiques, ou celles de leurs alliés, étaient plus grandes. C’est ce que l’on a observé après l’affaire Dreyfus, dans les corporations françaises où l’envahissement juif a été considérable, en France, à Paris surtout, et où le triomphe politique du parti juif a été regardé par un grand nombre de bourgeois français comme un triomphe général, vue qui a déterminé un abaissement de l’ardeur commerciale française.

Quoi qu’il en soit des mérites ou des démérites essentiels et relatifs de la bourgeoisie juive, on constate qu’actuellement elle est aux premiers rangs de la bourgeoisie capitaliste, plus encore par l’esprit qu’elle apporte dans les luttes économiques que par sa richesse matérielle.


    et des princes de l’Église. La bourgeoisie cléricale est donc cette partie de la bourgeoisie catholique qui, au XIXe siècle, a essayé de faire passer aux laïcs une partie des pouvoirs spirituels des clercs pour des réalisations politiques et sociales qui intéressaient surtout le temporel, et, si l’on peut dire, un temporel propre à une classe.