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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/63

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qu’ils atteignent de leur fonction. Ils forment un groupe incapable de renouvellement, car les mœurs qu’ils ont adoptées détruisent leurs familles en une ou deux générations. Ils ne sont donc pas renouvelés ; ils sont remplacés continuellement par une cohue, issue de toutes les classes, qui comme eux cherche la fortune rapide.

Il est vrai qu’ils ont gagné beaucoup d’argent, et qu’ils ont donné au pays une grande activité économique. Mais ç’a été et c’est encore au détriment de l’avenir économique du pays et de la prospérité des classes ouvrières. Étant donné que leur seul principe était de faire fortune par les moyens les plus rapides, ils sont entrés dans les professions industrielles et commerciales en dehors de toutes les règles traditionnelles, qu’ils ont bouleversées et détruites ; un bourgeois judaïsant cherche sa place dans l’économie industrielle non selon l’indication que lui donneront ses talents et ses dispositions, mais selon la possibilité que lui donnent ses capitaux et selon les directions que lui suggèrent ses appétits. Son but est produire et vendre beaucoup, dans l’ordre où la forte production rapporte les plus hauts profits. S’il s’écarte d’une profession lucrative, ce n’est pas parce qu’il s’y juge incompétent, c’est parce qu’il ta reconnait trop encombrée. En somme, c’est un barbare qui s’agite dans une société dont les organes sont ceux de l’extrême civilisation. Alors que le salut de cette société exige que ses membres soient dominés, dans leurs déterminations, dans leur action, par une idée générale qui les soude au bien commun, le bourgeois judaïsant ne se détermine et n’agit qu’en vue de son profit rigoureusement personnel, et conçu comme devant être limité à sa seule personne et non à la famille dont il devrait assurer la conservation.