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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/64

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Avec les principes qu’il applique, ayant conscience d’être un homme très moderne, il a causé une perturbation profonde dans la production française. Voulant produire et surproduire, il a fabriqué et mis en circulation des produits de qualité inférieure ; il a avili le goût de l’artisan et du consommateur ; voulant écouler sa production et sa surproduction, il a forcé les marchés par un développement artificiel des besoins, surexcités par la publicité, par l’agent commercial qui « roule » la clientèle ; il a entraîné la clientèle aisée à épuiser ses ressources, et la clientèle ouvrière à les dépasser. Aucun organe social, aucun organe d’État n’est venu l’arrêter dans cette activité désorganisatrice. Ayant empli ses coffres, il a cherché les moyens de jouir de sa richesse. Il a encombré les banlieues des grandes villes de ses villas prétentieuses ou insolentes. Il a déshonoré les châteaux historiques qu’il a acquis. Il a fait construire dans sa ville natale d’absurdes hôtels qui proclament sa richesse. Et partout, il a fait la fête. C’est là sa plus répugnante particularité. C’est un jouisseur, un très bas jouisseur, qui a fait de la jouissance la récompense glorieuse de toute activité. Son semblable des siècles classiques a fait la fête comme lui, mais en quelque sorte sainement. Il donnait satisfaction à quelques instincts qui sont en chacun de nous et qu’il plaçait assez bas dans la hiérarchie des instincts. Le bourgeois judaïsant du monde moderne fait de la noce le couronnement de son existence personnelle et familiale. Le noceur d’autrefois courait les cabarets de nuit avec des filles. Celui-ci court les restaurants de filles avec sa femme, et parfois il y conduit ses filles. Car en fait, il a émancipé sa femme. Ce qui reste de vie religieuse dans sa famille est de simple apparence ; ce n’est guère qu’une habitude non sociale, mais mondaine. Au