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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/10

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Préface.

à leur objet, sont toujours Égoïstes, s’ils passent à travers tous les caracteres sans perdre une nuance du leur ; si le caractere donné en acquiert au contraire une nouvelle force, je ne pourrai que plaire davantage aux Connoisseurs ; & une ambition démesurée est permise à l’Auteur, qui pour récompense ne desire que de la gloire.

Ici les personnes mal intentionnées vont s’écrier à la présomption ! à l’orgueil ! à l’audace ! les autres verront en moi, j’espere, un Élève pénétré du mérite de ses Maîtres, & qui croit se distinguer même en suivant leurs traces de loin. Aussi ne fais-je point une Préface pour prouver que je me suis frayé une route inconnue ; je déclare que je n’ai pas perdu un instant Molière de vue, que je n’ai employé que ses ressorts, & fier de mes larcins, je vais les dévoiler.

Molière a peint de préférence les caracteres généraux. L’avarice sur-tout est de tous les âges, de toutes les Nations : à son exemple j’ai osé mettre sur la Scène un vice de tous les pays, de tous les tems, de tous les sexes, de tous les états : à son exemple, j’ai habillé mes personnages à la Françoise, mais sans défigurer les traits propres à tous les peuples, & imprimés par les mains de la nature. J’ai resserré en apparence