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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/130

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L’ÉGOÏSME,

La dévorante soif d’un prompt avancement[1].
(Regardant Constance.)
Les élans, les transports d’un cœur reconnoissant
Sont l’art de mendier des secours plus utiles.
(Ricannant.)
Je pense voir partout des débiteurs habiles,
Qui devant peu d’abord, ont soin de s’acquitter
Pour acquérir le droit de beaucoup emprunter.
(À Polidor.)
Parcourez avec moi chaque état de la vie :
Toujours quelque intérêt à la vertu s’allie. —
Vous-même descendez au fond de votre cœur…

POLIDOR, surpris.

Moi ?

PHILEMON.

Moi ? Mais oui. Si pour vous il n’étoit pas flatteur
D’être entouré de gens qui vous soient redevables,
Si vous croyant par-là plus grand que vos semblables,
Vous ne préfériez pas à vos biens ce plaisir,
Vous vous fussiez gardé de vous en dessaisir.

POLIDOR, modestement.

Si l’ardeur que je montre à rendre un bon office,
À d’austères censeurs pouvoit paraître un vice,
Avec quelque indulgence, il doit être traité,
Puisqu’il tourne au profit de la société. —
Comparez nos deux cœurs, & décidez vous-même
Si nous nous conduisons par un pareil systême. —

  1. La sagesse est l’orgueil chez un Sèxe charmant :
    Aussi voit-on souvent des Prudes affectées,
    N’afficher la vertu que pour être citées,
    Et jetter sur leur sèxe un coup d’œil méprisant.