Aller au contenu

Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
COMÉDIE

PHILEMON.

Allez-vous la garder ? Du moins je l’imagine.
Un bon contrat m’unit avec votre orpheline.
J’aime qu’on soit fidèle à ses engagemens.
Je soutiendrai mes droits vivement & long-tems.

POLIDOR.

Le bourreau me ferait haïr la bienfaisance !

MARTON, bas à Clermon.

Il est furieux…

CLERMON, bas.

Il est furieux…Bon ! le dénouement avance.

POLIDOR.

Un bienfaiteur réduit à disputer son bien !

LE CHEVALIER.

Eh quoi ! de votre cœur ne puis-je obtenir rien ?

POLIDOR.

Le traître ! De quel front ! avec quelle imposture,
De l’Égoïsme il m’a demandé la peinture !
Qui pouvoit mieux que toi nous en tracer l’horreur ;
Le monstre n’est-il pas tout entier dans ton cœur ?

PHILEMON.

Je suis las d’essuyer un injuste murmure.
Que me reproche-t-on ? l’instinct de la nature ?
C’est d’après ses leçons, ses mouvemens secrets
Que tout être vivant songe à ses intérêts ?
Voyez ces gens de bien, crus tels sur leur parole ;
L’intérêt personnel est leur unique idole,
Sous les noms de vertu, d’humanité, d’honneur,
Il sait s’envelopper d’un voile séducteur. —
La politesse n’est que le désir de plaire. —

(Regardant son frère.)
La bravoure, l’honneur, sont chez le militaire