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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/15

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xv
Préface.

mais ce n’est que pour fournir au nécessaire dont son pere le laisse manquer ; ce qui donne un vigoureux coup de pinceau au portrait de l’avarice. À l’exemple de Moliere, j’ai opposé un paresseux qui ne veut que digérer en paix, à une femme qui, pour avoir occasion de se citer, prétend tout faire dans sa maison : un sot, qui guidé par son intérêt, le suit aveuglement & presque sans s’en douter, à un homme d’esprit, qui connoît bien son cœur, & qui combine tout ce qui doit tourner à son profit : un marin franc, un peu pétulant, mais généreux, qui met son plaisir à faire le bonheur de tout ce qui l’entoure ; à un fourbe, qui emprunte le masque de la politesse & de toutes les vertus pour faire des dupes, & sacrifier tout le monde à son intérêt, &c. &c. Moliere a sans doute tiré parti des contrastes, mais comment ? en faisant contraster les caracteres avec les situations. Tartuffe embrassant Orgon au lieu d’Elmire ; Harpagon obligé de donner un repas & une bague ; voilà les véritables contrastes. Pénétré de cette vérité, j’ai mis Durand dans la nécessité d’attendre tout de l’estime qu’on auroit pour son éleve, à l’instant même où il vient de le décrier ; Constance est forcée de faire éclater son amour lorsqu’elle voudroit le cacher avec plus