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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/16

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Préface.

de soin ; Philemon est dans l’alternative de perdre cent mille écus ou d’épouser Constance quand il vient de la céder à son frere ; l’indolent Florimon croit faire tranquillement sa méridienne lorsqu’il est contraint de s’habiller pour aller solliciter un Ministre, &c. &c. Moliere fait encore contraster les intérêts avec les intérêts, sur-tout lorsqu’il ne se borne pas à occuper le Spectateur de deux amans, qui d’après les regles mêmes du Théâtre, seront heureux, & qu’il a pour objet le sort d’une famille respectable. Dans le Tartuffe on ne fait que rire des scènes amoureuses de Valere[1] ; mais on a les plus grandes inquiétudes pour Orgon[2],

  1. Ah ! le cœur ! le cœur ! s’écrient les ames sensibles ; comme si l’intérêt inspiré par toute une famille, ne partoit pas du cœur, & n’étoit pas fait pour affecter un cœur honnête.
  2. Moliere fait encore contraster, ou met en opposition seulement, selon qu’il veut être plus ou moins énergique, les actions avec les propos, les mots, même le ton avec les choses. Il est aisé de reconnoître dans chacun de ses ouvrages ces principales causes du rire. Aussi Madame Florimon, qui dans ma Pièce ne fait jamais rien, répète-t-elle sans cesse qu’elle est une femme très-essentielle : Philemon parle toujours vertu, & Polidor a souvent le ton brusque en faisant du bien, &c. Voyez encore l’Art de la Comédie.