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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/26

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L’ÉGOÏSME,

CLERMON.

Qu’est-ce ?

DURAND.

Qu’est-ce ? Une pension de quatre-vingt pistoles.
Pour mes bons documens je n’ai pas deux oboles.
Est-ce l’or avec moi qu’on devroit épargner ?

CLERMON.

La maison n’est pas riche.

DURAND, avec dépit.

La maison n’est pas riche.Il faudroit se saigner !
Mais le père songeant à dormir, manger, boire,
Borne-là d’un mortel le travail & la gloire,
Chérit sa nullité. — Madame Florimon,
Au contraire, voudroit régner dans la maison.
Pour acquérir le droit de beaucoup parler d’elle,
La bavarde, futile avec le plus grand zèle,
Veut paroître tout faire, & ne fait jamais rien.
Quand je peins mes besoins, elle me répond : bien.
J’arrangerai cela.

CLERMON.

J’arrangerai cela.Les deux fils ?

DURAND.

J’arrangerai cela. Les deux fils ? Ah ! leur père
Tous les deux au hasard les jeta sur la terre ;
Moi, leur communiquant mon savoir lumineux,
Je les ai de la Terre élevés jusqu’aux Cieux.
Tems perdu ! Le cadet, depuis peu militaire,
M’offre son bras, son sang, dont je n’ai point à faire ;
Ou bien jure par Mars de me récompenser
Sitôt qu’un coup d’éclat l’aura fait avancer.
Le bel espoir !