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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/27

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COMÉDIE

CLERMON.

Le bel espoir ! L’aîné pourroit…

DURAND.

Le bel espoir ! L’aîné pourroit…Il est bien pire !
(D’un ton mystérieux.)
Je le crois Égoïste.

CLERMON.

Je le crois Égoïste.Oh, Diable ! que veut dire
Ce mot ? il m’est nouveau.

DURAND.

Ce mot ? il m’est nouveau.Nous autres gens lettrés,
Nous appelons ainsi ces êtres concentrés,
Qui ne voyant qu’eux seuls dans la nature entière,
À leur propre intérêt sacrifieroient leur père,
Leurs enfans, leurs amis, leur patrie & l’honneur…

CLERMON.

Le nom me déroutoit. — Mais quoi ! vous, le faiseur
D’Hommes, de Citoyens, comment peut-il se faire
Que jugeant votre élève avec un œil sévère,
Vous n’ayez pas détruit ce vice dominant,
Ou du moins arrêté ses progrès ?

DURAND.

Ou du moins arrêté ses progrès ? Ah ! vraiment !
Tu parles à ton aise. Est-ce que l’on corrige
Un aîné de famille ? Est-ce que l’on exige
De lui que ce qu’il veut ? Comme il vous haïroit !
Avec le temps encor sa haine s’accroîtroit,
Et puis, comptez sur lui pour une récompense.

CLERMON, ironiquement.

Vos droits sont, en effet, mieux fondés qu’on ne pense.