Aller au contenu

Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
COMÉDIE

Vous n’avez pas daigné me parler tantôt.

PHILEMON, d’un peu loin.

Vous n’avez pas daigné me parler tantôt.Moi !
Je m’occupois de vous, j’en jure sur ma foi.
(Durand s’arrête.)
Quoi, disois-je, un mortel que j’estime & révere,
Que je regarderai toujours comme mon pere,
Qui m’a formé le cœur, sans fortune languit !

DURAND, revenant.

Quoi, vous pensiez à moi !

PHILEMON.

Quoi, vous pensiez à moi ! Votre sort m’attendrit.
Mais au retour de l’oncle, il faut qu’ici tout change.
Pour le mettre à profit, je vois que l’on s’arrange.
Mon cher, une famille est un petit État :
Et je pense toucher au moment délicat
Où quelque homme en faveur s’empare de la scène :
Pour l’intérêt public chacun feint d’être en peine ;
Et le dernier sujet, de lui seul s’occupant,
Songe à tirer parti de cet événement.
Moi, pour vous obliger, je veux avec adresse
De l’oncle, si je puis, m’attirer la tendresse.

DURAND, avec empressement.

Dieux, où trouver Clermon !

PHILEMON.

Dieux, où trouver Clermon ! Il faut le ménager :
Ce valet, m’a-t-on dit, n’est pas à négliger :
Il a quelque crédit sur l’esprit de son maître ;
Il guidera mes pas, il me fera connoître
Le moyen de lui plaire & de gagner son cœur.
De mon ami pour lors je ferai le bonheur :