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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/8

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viii
Préface.

une fois surmontées par le courage & l’horreur du vice, le sujet en amène d’autres qui renaissent sans cesse, pour donner de nouvelles entraves. Le caractère de l’Égoïsme, sans avoir été traité particulièrement, se trouve épuisé dans toutes les pièces qui ont paru jusqu’ici. Aux yeux d’un Observateur, le Glorieux, le Flatteur, le Méchant, le Joueur, le Complaisant, sont des Égoïstes. Moliere, ce cruel Moliere, le désespoir de ses successeurs, ne semble-t-il pas dans tous ses ouvrages avoir envisagé l’Égoïsme sous toutes ses faces ? L’Avare, qui soupçonnant Valere de lui avoir volé sa cassette, dit à sa fille : Il valloit bien mieux pour moi qu’il te laissât noyer que de faire ce qu’il a fait : le Malade Imaginaire, qui veut donner sa fille à un Médecin, neveu d’un Apothicaire, pour être à la source des bonnes ordonnances, de la rhubarbe & du séné, & qui la marie, dit-il, pour lui, & non pour elle : dans l’Amour Médecin, le père qui ne veut pas se défaire de sa fille, & d’une dot en même-tems ; la fameuse Scène où ses parens & ses voisins lui donnent chacun un conseil intéressé, & où il s’écrie : Vous êtes Orfévre, M. Josse ; tout, jusqu’à la tirade où Sosie peignant les Grands, dit :

Ils veulent que pour eux tout soit dans la nature
Obligé de s’immoler, &c, &c.