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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/81

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COMÉDIE

POLIDOR.

Laisse à mon amitié le soin de son destin.
L’amour est à son âge une courte folie ;
Mais lorsqu’on aime au tien, c’est pour toute la vie.
Va, va, je m’y connois. Tout bien pesé, je croi
Qu’une femme sera plus heureuse avec toi.

PHILEMON.

Cette seule raison à vous céder m’engage.
Quant aux cent mille écus, je veux qu’on les partage
Entre mon frère & moi : j’insiste sur ce point.

POLIDOR.

En générosité tu ne me vaincras point.

PHILEMON.

(Bas.)(Haut.)
Parbleu, j’y compte bien ! Si l’aimable Constance
Trouve dans sa maison une agréable aisance ;
Si je puis noblement élever mes enfans,
Réunir à souper quelques honnêtes gens,
Réserver tous les mois une petite somme
Pour venir au secours de quelque galant homme,
Je ne desirerai jamais d’autre bonheur.
L’ambition ne peut se glisser dans mon cœur :
Les desirs modérés sont les trésors du Sage.

POLIDOR.

Tu me ravis, mon cher, en tenant ce langage.