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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/84

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L’ÉGOÏSME,

M’avoit fait soupçonner dans ce mortel unique
Des torts exagérés à votre Domestique :
J’ai cru qu’il m’empêchoit d’avoir ma pension,
Qu’il ne songeoit qu’à lui : je l’ai dit à Clermon…

PHILEMON, bas à Polidor, avec finesse.

Eh… Vous l’ai-je dit ?

POLIDOR.

Eh… Vous l’ai-je dit ? Oui.

PHILEMON, à part.

Eh… Vous l’ai-je dit ? Oui.Le traître !
(Il affecte un grand éclat de rire.)

POLIDOR.

Eh… Vous l’ai-je dit ? Oui.Le traître ! Est-il possible !
Quoi, vous riez !

PHILEMON.

Quoi, vous riez ! Mais oui. N’est-il pas bien risible
De m’avoir vu tantôt disciple bienfaisant,
Vous dire qu’il falloit récompenser Durand,
Et cela dans le tems qu’il payoit mes services,
En me gratifiant du plus affreux des vices ?

POLIDOR, en colère.

Morbleu, je ne ris point… — S’il eut privé mon cœur
Du plaisir de t’aimer, de faire ton bonheur !…

PHILEMON.

Vous me faites frémir !

POLIDOR.

Vous me faites frémir ! Le monstre !

PHILEMON.

Vous me faites frémir ! Le monstre ! Il faut l’entendre.

DURAND.

Je l’accusois : soudain, ami sensible & tendre,