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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/94

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L’ÉGOÏSME,

CONSTANCE.

Tout est perdu[1].

MARTON.

Tout est perdu.Cherchons quelque moyen.

CONSTANCE, avec désespoir.

Tout est perdu.Cherchons quelque moyen.Eh quoi !

  1. J’ai rejetté dans les notes tous les Vers qui faisant longueur, ont occasionné des murmures, mais de très-grands murmures, à la première représentation.
    LE CHEVALIER, à Marton.

    Tout est perdu.Cherchons quelque moyen.

    MARTON.

    Tout est perdu.Cherchons quelque moyen.Pourquoi ?
    Madame veut se perdre ; il faut la laisser faire.
    (À Constance.)
    Vous aurez un Époux qui ne pourra vous plaire ;
    Vous passerez les jours & les nuits dans les pleurs ;
    Le dépit, le regret aigriront vos malheurs :
    Mais toutes ces horreurs ne sont que bagatelle :
    La sotte vanité, fière & contente d’elle,
    Vous dira que ce trait, grand, sublime, divin,
    Vous élève au-dessus du sexe féminin :
    N’est-ce rien ? Oh que si ! plus qu’on ne l’imagine.

    LE CHEVALIER.

    Ah, ne l’accable pas !

    CONSTANCE.

    Ah, ne l’accable pas ! Ce discours m’assassine.
    Cruels, respectez donc mes maux & mon devoir.
    Que puis-je ?

    LE CHEVALIER.

    Que puis-je ? D’un seul mot ranimer mon espoir, &c.

    On m’a reproché que la tirade de Marton ressembloit à celle de Dorine dans le second Acte du Tartuffe : Vous irez par le Coche en sa petite ville, &c. Quelle critique, grands Dieux ! & comme elle m’humilie !