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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/97

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COMÉDIE

L’amour-propre saura décider votre amante ;
Et d’ailleurs, croyez-moi, toute femme prudente
D’un témoin indiscret ne fait point son époux :
Au moindre petit mot, il faudroit filer doux.
Prudence, amour, fierté, tout vous sert.

LE CHEVALIER.

Prudence, amour, fierté, tout vous sert.Tu me charmes !
Mais je ressens encor les plus vives allarmes.

MARTON.

Tout va bien. — Du récit de vos tendres chagrins
Allez intéresser parens, amis, voisins.
Bon ! commencez.

(Voyant M. Florimon.)

    Il nous force à brûler d’abord d’un feu discret,
    Ou nous laisse avouer — bien bas — notre secret ;
    Mais, dès que les jaloux ont vu clair dans notre âme,
    L’amour-propre lui même exalte notre flâme :
    De Tyran qu’il étoit, c’est un Dieu bienfaisant,
    Qui plaide mieux que nous la cause d’un Amant ;
    Il nous prouve qu’un goût est à peine excusable,
    Mais qu’un amour extrême est toujours respectable.
    Dieu sait comme à vingt ans l’on goûte la leçon,
    Comme on vise à l’estime !

    LE CHEVALIER.

    Comme on vise à l’estime ! Ah, ma chère Marton !…

    MARTON.

    C’est à ce point qu’en est justement votre Amante ;
    Et d’ailleurs, croyez-moi, &c.