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Page:Caillaud - Normandie, Poitou et Canada français, 1945.pdf/14

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Français d’Amérique. Il ne s’agit pas naturellement pour eux de demeurer des copies immuables de leurs ancêtres ni d’être identiques aux Français de la France d’aujourd’hui. Ce n’est ni possible ni souhaitable. L’illustre économiste français Lucien Romier, qui donna au Canada, en 1932, des cours et des conférences très suivis et très goûtés, a écrit à ce sujet des lignes fort justes et fort bien pensées, dans un article paru, en 1933, dans Le Temps, de Paris. À la question : La province de Québec est-elle la France ? il répond : « La France ? si l’on veut. Mais une autre France, un autre arbre sur les mêmes racines, respirant un autre air, subissant un autre climat, avec d’autres épreuves… ayant développé d’autres vertus pour d’autres circonstances. »

Si les Canadiens français, en s’enracinant de plus en plus en terre d’Amérique, en s’adaptant de plus en plus à ce continent où s’édifie chaque jour davantage leur seule et unique patrie, à laquelle ils se doivent avant tout, si ces Canadiens français sont destinés fatalement à se différencier encore plus des Français de France, pour y créer un type nouveau dans la famille des peuples humains, cela ne leur interdit aucunement, bien au contraire, de chercher à s’imprégner de culture française, et à maintenir très haut et à faire rayonner puissamment, de ce côté de l’Atlantique, le flambeau d’une civilisation qui est la continuatrice des civilisations