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Page:Caillaud - Normandie, Poitou et Canada français, 1945.pdf/22

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Qu’on me permette de citer une anecdote qui illustre bien cette conviction si répandue, à savoir : qui dit Canadien français dit Normand. Causant un jour avec un Canadien français de type méridional, qui avait des yeux et des cheveux noirs comme ceux d’un Espagnol, je lui demandai s’il savait de quelle région de France venaient ses ancêtres. Il me répondit : « Ils étaient Normands ; il paraît que mes ancêtres venaient du diocèse de La Flèche en Normandie. » — Le malheur, c’est que La Flèche se trouve en Anjou et que la province de l’Anjou est séparée de la Normandie par la province du Maine. Le malheur c’est aussi que l’Angevin est très différent du Normand, sous bien des rapports. Pour ce brave homme, tous les diocèses de France devaient se trouver en Normandie et on ne pouvait venir de France sans venir plus ou moins de Normandie. Mais pourrait-on dire, n’est pas Normand qui veut. L’affirmation répétée d’une opinion et l’insistance à la propager, même si ce faisant, on agit de la meilleure foi du monde, ne sauraient suffire à rendre cette opinion conforme à la vérité.

Peut-être jugera-t-on qu’il est permis à un esprit curieux, — sans qu’il coure le risque de se faire lapider, — de poser devant des gens de bonne foi plusieurs points d’interrogation et d’attirer leur attention sur des faits qui méritent