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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/197

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DES ESPRITS.

une forme humaine nullement difforme, & lui dit qu’il étoit venu pour remplir tous ſes deſirs, s’il vouloit lui rapporter toutes ſes bonnes œuvres. Gaufredi lui fit ſon billet ; il demanda au Démon qu’il pût jouir d’une grande réputation de ſageſſe parmi les gens de probité, & qu’il pût inſpirer de l’amour aux femmes & aux filles qu’il lui plairoit, en ſoufflant ſeulement ſur elles.

Lucifer le lui promit par écrit, & bien-tôt Gaufredi vit le parfait accompliſſement de ſes deſſeins : il inſpira de l’amour à une jeune Demoiſelle nommée Magdelaine, fille d’un Gentilhomme nommé Madole de la Palud. Cette fille n’avoit encore que neuf ans, & Gaufredi ſous prétexte de dévotion & de ſpiritualité lui ayant fait entendre, que comme ſon Pere ſpirituel il avoit droit de diſpoſer d’elle, il l’engagea auſſi à ſe donner au Démon, & quelques années après il l’obligea à donner une cédule ſignée de ſon propre ſang au Diable pour ſe livrer de plus en plus à lui : on dit même qu’il lui fit faire depuis ſept ou huit autres cédules.

Après cela il ſouffla ſur elle, lui inſpira un amour violent pour lui, & en abuſa ; il lui donna un Diable familier