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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/223

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DES ESPRITS

voit encore des Démons gravés aux quatre coins en mémoire de cet évènement. On aſſure même, que le celébre P. Mabillon en avoit vû la piéce autentique. Or ſi ce fait & ſes ſemblables ne ſont pas abſolument faux & fabuleux, on ne peut nier que ce ne ſoient des effets de la Magie, & l’ouvrage du mauvais Eſprit.

Pierre le Vénérable[1] Abbé de Cluny, rapporte une choſe ſi extraordinaire arrivée de ſon tems, que je ne la raconterois pas ici, ſi elle n’avoit pas été vûe par toute la Ville de Mâcon. Le Comte de cette Ville, homme très-violent, exerçoit une eſpece de tyrannie contre les Eccléſiaſtiques, & contre ce qui leur appartenoit, ſans ſe mettre en peine de cacher ou de colorer ſes violences : il les exerçoit hautement, & s’en faiſoit gloire. Un jour qu’il étoit aſſis dans ſon Palais, accompagné de quantité de Nobleſſe & d’autres perſonnes, on y vit entrer un Inconnu à cheval, qui s’avança juſqu’à lui, & lui dit qu’il avoit à lui parler, & qu’il le ſuivît. Le Comte ſe leve & le ſuit : étant arrivé à la porte, il y trouva un cheval préparé ; il monte deſſus, & auſſitôt il eſt tranſporté dans les airs, criant

  1. Petrus Venerab. lib. 2. de miraculis, c. I. pag 1299.