Aller au contenu

Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
APPARITIONS

avoit dans la penſée : il lui dit qu’il avoit dans l’eſprit un vers de Virgile ; & comme il lui demandoit quel étoit ce vers, il le lui récita ſur le champ, quoiqu’il n’eût jamais étudié la Langue latine.

Cet Albicérius étoit un ſcélérat, comme le dit S. Auguſtin, qui le nomme flagitioſum hominem. La connoiſſance qu’il avoit des choſes cachées n’étoit pas ſans doute un don du Ciel, non plus que l’eſprit de Python qui animoit cette fille des Actes des Apôtres, que S. Paul réduiſit au ſilence[1]. C’étoit donc l’opération du malin Eſprit.

On apporte toutefois & avec raiſon le don des Langues, la connoiſſance de l’avenir, & la pénétration des penſées comme une preuve ſolide de la préſence & de l’inſpiration du S. Eſprit. Mais ſi le Démon peut quelquefois opérer les mêmes choſes, c’eſt pour ſéduire, pour induire à erreur, ou ſimplement pour rendre douteuſes les vraies Prophéties, mais jamais pour conduire à la vérité, à la crainte & à l’amour de Dieu, & à l’édification du prochain. Dieu peut permettre que des hommes corrompus & des ſcélérats, comme Balaam & cet Al-

  1. Act. xvj. 16.