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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/305

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DES ESPRITS

je ne doute non plus que ſi j’en avois été témoin, dit celui qui me l’a écrite. Le Comte Deſpilliers le pere étant jeune, & Capitaine des Cuiraſſiers, ſe trouva en quartier d’hiver en Flandre. Un de ſes Cavaliers vint un jour le prier de le changer d’Hôte, diſant que toutes les nuits il revenoit dans ſa chambre un Eſprit qui ne le laiſſoit pas dormir. Le Comte Deſpilliers renvoya ſon Cavalier, & ſe mocqua de ſa ſimplicité. Quelques jours après le même Cavalier vint lui faire la même priere ; & le Capitaine pour toute réponſe voulut lui décharger une volée de coups de baton, qu’il n’évita que par une prompte fuite. Enfin il revint une troiſiéme fois à la charge, & proteſta à ſon Capitaine qu’il ne pouvoit plus réſiſter, & qu’il ſeroit obligé de déſerter, ſi on ne le changeoit de logis. Deſpilliers qui connoiſſoit le Cavalier pour brave ſoldat & fort raiſonnable, lui dit en jurant : je veux aller cette nuit coucher avec toi, & voir ce qui en eſt.

Sur les dix heures du ſoir le Capitaine ſe rend au logis de ſon Cavalier, & ayant mis ſes piſtolets en bon état ſur la table, ſe couche tout vêtu, ſon épée à côté de lui, près de ſon ſoldat dans un lit ſans rideaux. Vers minuit il entend quelque