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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/310

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APPARITIONS

ceaux de pots caſſés & des charbons, ou des feuilles d’arbres, ou d’autres choſes auſſi viles & auſſi mépriſables.

Le R. P. Abram Jéſuite, dans ſon Hiſtoire manuſcrite de l’Univerſité de Pont-à-Mouſſon, rapporte qu’un jeune garçon de bonne famille, mais peu accommodé, ſe mit d’abord à ſervir dans l’armée parmi les Goujats & les Valets : de-là ſes parens le mirent aux Ecoles ; mais ne s’accommodant pas de l’aſſujettiſſement que demandent les études, il les quitta, réſolu de retourner à ſon premier genre de vie. En chemin il eut à ſa rencontre un homme vêtu d’un habit de ſoie, mais de mauvaiſe mine, noir & hideux, qui lui demanda où il alloit, & pourquoi il avoit l’air ſi triſte : je ſuis, lui dit cet homme, en état de vous mettre à votre aiſe, ſi vous voulez vous donner à moi.

Le jeune homme croyant qu’il vouloit l’engager à ſon ſervice, lui demanda du tems pour y penſer ; mais commençant à ſe défier des magnifiques promeſſes qu’il lui faiſoit, il le conſidéra de plus près, & ayant remarqué qu’il avoit le pied gauche fendu comme celui d’un bœuf, il fut ſaiſi de frayeur, fit le ſigne de la croix, & invoqua le nom de Jeſus :