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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/333

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DES ESPRITS

pita du haut du logis, & lui-même fut aſſaſſiné par des conjurés.

Marcus Brutus, un des meurtriers de Jules-Céſar, étant dans ſa tente pendant une nuit qui n’étoit pas bien obſcure, vers la troiſiéme heure de la nuit vit entrer une figure monſtrueuſe & terrible. Brutus lui demanda : qui es-tu ? un homme ou un Dieu ? & pourquoi es-tu venu ici ? Le Spectre répondit : je ſuis ton mauvais Génie ; tu me verras à Philippes. Brutus lui répondit ſans s’effrayer : je t’y verrai ; & étant ſorti, il alla raconter la choſe à Caſſius, qui étant de la ſecte d’Epicure, & ne croyant point ces ſortes d’Apparitions, lui dit que c’étoit une pure imagination ; qu’il n’y avoit ni Génies ni autres Eſprits qui puſſent apparoître aux hommes ; que quand ils apparoîtroient, ils n’auroient ni la forme, ni la voix humaine, & ne pourroient rien contre nous. Quoique ces raiſons raſſuraſſent un peu Brutus, elles ne le tirerent pas néanmoins d’inquiétude.

Mais le même Caſſius dans la campagne de Philippes, & au milieu du combat, vit Jules-Céſar qu’il avoit aſſaſſiné, qui vint à lui à toute bride, & l’effraya de telle ſorte, qu’enfin il ſe perça de ſon épée. Caſſius de Parme, différent de celui