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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/365

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DES ESPRITS

peuple qui étoit aſſemblé en grande foule, le Saint après avoir raconté publiquement le fait abominable du Démon, exorciſa & anathématiſa le mauvais Eſprit, & lui défendit par l’autorité de Jeſus Chriſt de s’approcher jamais de cette femme, ni d’aucune autre. Tout le monde éteignit ſes cierges, & la puiſſance du Démon fut anéantie.

Cet exemple & les deux précédens racontés d’une maniere ſi circonſtanciée pourroient faire croire, qu’il y a de la réalité dans tout ce qu’on dit des Démons incubes & ſuccubes ; mais ſi l’on veut approfondir les faits, on trouvera qu’une imagination fortement frappée, & une violente prévention peuvent produire tout ce que l’on vient de dire.

Saint Bernard commence par guérir l’eſprit de la femme, en lui donnant ſon bâton pour le mettre au lit auprès d’elle. Ce bâton ſuffit pour une premiere impreſſion ; mais pour la diſpoſer à une guériſon parfaite, il fait l’Exorciſme du Démon, & puis l’anathématiſe avec le plus grand éclat qui lui eſt poſſible : on aſſemble des Evêques dans la Cathédrale ; le peuple s’y rend en foule ; on raconte la choſe en termes pompeux ; on menace le mauvais Eſprit ; on éteint les cierges,