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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/366

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APPARITIONS

toutes cérémonies frappantes : la femme en eſt touchée, & ſon imagination en eſt guérie.

Jérôme Cardan[1] rapporte deux exemples ſinguliers de la force de l’imagination dans ce genre ; il les tenoit de François Pic de la Mirande. Je connois, diſoit ce dernier, un Prêtre âgé de 75 ans, qui a vécu avec une prétendue femme qu’il nommoit Hermeline, avec laquelle il couchoit, lui parloit, la conduiſoit dans les rues comme ſi elle eût été ſa femme. Lui ſeul la voyoit, ou la croyoit voir, enſorte qu’on le regardoit comme un homme qui avoit perdu l’eſprit. Ce Prêtre s’appelloit Benoît Beïna. Il avoit été arrêté par l’Inquiſition, & puni pour ſes crimes : car il avoua que dans le Sacrifice de la Meſſe il ne prononçoit pas les paroles ſacramentelles ; qu’il avoit donné des Hoſties conſacrées à des femmelettes pour s’en ſervir en ſortiléges ; qu’il avoit ſucé le ſang des enfans. Il avoua tout cela dans la queſtion qu’on lui donna.

Un autre nommé Pinete, entretenoit un Démon qu’il tenoit comme ſa femme, & avec qui il avoit eu commerce pendant

  1. Cardan, de variet. lib. 15. c. 80. pag. 190.