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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/413

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DES ESPRITS

Luther qui fait l’eſprit fort, & qui invective avec tant d’emportement contre les Meſſes privées, où l’on prie pour le repos des défunts[1], ſoutient hardiment que toutes les Apparitions d’Eſprits qui ſe liſent dans les Vies des Saints, & qui demandent des Meſſes pour le ſoulagement de leurs ames, ne font que des illuſions de Satan, qui apparoît pour tromper les ſimples, & leur inſpirer une vaine confiance au Sacrifice de la Meſſe. Il en conclut qu’il vaut mieux ſans détour nier abſolument le Purgatoire.

Il ne nioit donc pas ni les Apparitions ni les opérations du Diable, & il ſoutenoit qu’Ecolampade étoit mort accablé des coups du Diable[2] dont il n’ayoit pû ſoutenir l’effort ; & parlant de lui-même, il aſſure que s’étant un jour réveillé en ſurſaut au milieu de la nuit, le Diable parut pour diſputer contre lui : alors il ſe ſentit ſaiſi d’une frayeur mortelle. Les argumens du Démon étoient ſi preſſans, qu’ils ne lui laiſſoient aucun repos d’eſprit : le ſon de ſa puiſſante voix, ſes manieres de diſputer accablantes, où la queſtion & la réponſe

  1. Martin Luther. de abrogandâ Miſſâ privatâ, part. 2.
  2. Idem de abrogat. Miſt. privatæ, t. vij. 226.