Aller au contenu

Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
DES ESPRITS

Les Egyptiens[1] croyoient que lorſque l’ame d’un animal eſt ſéparée de ſon corps par violence, elle ne s’en éloigne pas, mais ſe tient près de lui. Il en eſt de même de l’ame des hommes qu’une mort violente a fait mourir : elle reſte près du corps, rien ne peut l’en éloigner ; elle y eſt retenue par ſympathie : on en a vû pluſieurs qui ſoupiroient près de leurs corps qui ne ſont pas en terre, reſtant près de leur cadavre. C’eſt de celles-là dont les Magiciens abuſent pour leurs opérations : ils les forcent de leur obéir, lorſqu’ils ſont les maîtres du corps mort ou même d’une partie. Une expérience fréquente leur a appris, que dans le corps il y a une vertu ſecrette qui y attire l’ame qui l’a autrefois habité ; c’eſt pourquoi ceux qui veulent recevoir les ames des animaux qui ſçavent l’avenir, en mangent les principales parties, comme le cœur des corbeaux, des taupes, des éperviers : l’ame de ces bêtes entre chez eux en même tems qu’ils ſont uſage de ces nourritures ; elle leur fait rendre des Oracles comme des Divinités.

Les Egyptiens croyoient[2] que lorſque l’ame des bêtes eſt délivrée de ſon

  1. Prophyr. de abſtin. lib. 2. art. xlvij.
  2. Demet. lib. 4. art. x.