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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/470

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APPARITIONS

& le virent avant de le connoître, ou que les habitans de Sodôme ne purent reconnoître la porte de Loth, quoiqu’elle fût devant leurs yeux, ou que les Diſciples d’Emmaüs ne reconnurent pas Jeſus-Chriſt qui les accompagnoit, & qui leur expliquoit les Ecritures ; ils n’ouvrirent leurs yeux & ne le reconnurent qu’à la fraction du pain.

Cette faſcination des ſens qui nous fait croire que nous voyons ce que nous ne voyons pas, ou cette ſuſpenſion de l’éxercice & des fonctions naturelles de nos ſens, qui nous empêche de voir & de reconnoître ce qui ſe paſſe à nos yeux ; tout cela n’eſt guére moins miraculeux, que de condenſer l’air ou de le raréfier, ou de donner de la ſolidité & de la conſiſtence à ce qui eſt purement ſpirituel & dégagé de la matiere.

Il s’enſuit de tout cela que nulle Apparition ne ſe peut faire ſans une eſpece de miracle, & ſans un concours extraordinaire & ſurnaturel de la puiſſance de Dieu, qui ordonne, ou qui fait, ou qui permet qu’un Ange, qu’un Démon, ou qu’une Ame ſéparée du corps apparoiſſe, agiſſe, parle, marche, & faſſe d’autres fonctions qui n’appartiennent qu’a un corps organiſé.