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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/471

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DES ESPRITS

On me dira qu’il eſt inutile de recourir au miraculeux & au ſurnaturel, ſi l’on a reconnu dans les ſubſtances ſpirituelles un pouvoir naturel de ſe faire voir, ſoit en condenſant l’air, ou en produiſant un corps maſſif & palpable, ou en ſuſcitant quelque corps mort, à qui ces Eſprits rendent la vie & le mouvement pour un certain tems.

Je conviens de tout cela ; mais j’oſe ſoutenir que cela n’eſt poſſible ni à l’Ange, ni au Démon, ni à une ſubſtance ſpirituelle, quelle qu’elle ſoit. L’Ame peut bien produire en elle-même des penſées, des volontés & des déſirs : elle peut bien imprimer des mouvemens à ſon corps, & réprimer ſes ſaillies & ſes agitations ; mais comment le fait-elle ? La Philoſophie ne peut guére l’expliquer qu’en diſant qu’en vertu de l’union quelle a avec ſon corps, Dieu par un effet de ſa ſageſſe lui a donné le pouvoir d’agir ſur ſes humeurs, ſur ſes organes, & de leur imprimer certains mouvemens ; mais il y a lieu de croire qu’elle n’opére tout cela que comme cauſe occaſionnelle, & que c’eſt Dieu comme cauſe premiere, néceſſaire, immédiate & eſſentielle, qui produit tous les mouvemens du corps qui ſe font dans la nature.