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Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/250

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« qu’elles ne se constituent que de leur vide ». Mallarmé considère comme plus poétique de décrire ce vide ; mais il n’en est pas moins parti d’une idée concrète, essentiellement claire et definie ; et c’est cette idée simple, une idée de tout le monde qu’il faut retrouver derrière l’agencement inintelligible des mots, lorsqu’on se propose d’expliquer Mallarmé. Ce qui généralement empêche de le comprendre, c’est l’entraînement qu’éprouve l’intréprétateur à rechercher sous l’apparence de chaos apocalyptiques des symboles d’apocalypse.

Je me souviens à ce propos d’une scène qui se passa chez Leconte de Lisle. Psichari très aimable homme, gendre de Renan, écrivain distingué, très écouté dans les salons mondains, rompu par conséquent à toutes les délicatesses, pouvait être désireux qu’on le classât parmi les subtils déchiffreurs de Mallarmé. Cela commençait à devenir une obligation dans ce monde où les opinions se portent comme on y portait naguère un habit rouge, de par la tyrannie de la mode. Très supérieur à tous les fanfarons du chic qui recherchent le succès dans la singularité, Psichari ne devait pas moins se préoccuper d’approfondir les mystères de la littérature en vogue. Il apporta donc chez Leconte de Lisle le sonnet intitulé Le Tombeau de Wagner, sur lequel il avait exercé préalablement sa sagacité. Dans ce sonnet Mallarmé, rappelant les titres de gloire du maître allemand, nous le montre


                        .....Irradiant un sacre
Mal tu par l’encre même en sanglots sibyllins.


Ne pouvant m’attarder à l’examen du sonnet tout entier, j’en détache ces trois hémistiches très suffisants pour donner au lecteur l’idée de ce que peut être le reste. Or, suivant la leçon de Psichari, si j’ai bon souvenir, Irradiant un Sacre se référait à la souveraineté