Aller au contenu

Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
VIE DE MÉLANIE

je ne puis cependant pas rester toujours sans rien faire : ce serait abuser du temps que le bon Dieu nous donne pour gagner le paradis. » — « Oh ! bigote, me dit-elle, te voilà encore avec ton bon Dieu et ton paradis ; ôte-toi de devant mes yeux, tu me fais perdre la tête. » Je n’insistai plus, je me retirai dans ma chambre et pensai à mon très amoureux Jésus : je lui demandai de me donner l’uniformité à son bon plaisir et le parfait détachement de toutes les choses transitoires, surtout, surtout son vrai amour.

Au bout de quelques jours mon père arriva. Dès que je l’entendis, mon premier mouvement était de courir me jeter dans ses bras : je ne laissai pas achever ce mouvement tout naturel et tout humain. Je continuai à m’entretenir avec sa divine Majesté, et à descendre beaucoup dans ma nullité, à demander beaucoup pardon à mon Dieu pour ce commencement d’acte d’infidélité. En effet mon amoureux Jésus ne m’a-t-il pas ravi toutes les affections de mon cœur ?…. Oui et je les lui ai toutes données, voulant en la vie et en la mort être sous son absolue dépendance.

Mon père resta quelques jours en famille, car il me semble qu’il y eut deux jours de fête ; puis il repartit pour son travail ; et je repris ma soli-