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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/147

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Il examina les blessures de Jean-Charles, s’informa comment il avait passé la nuit, et, lui ayant recommandé de ne manger encore que des choses très légères, il sortit.

Pendant ce temps, le curé, resté seul avec François, l’interrogeait pour tâcher de savoir réellement ce qui avait pu provoquer chez lui ce choc terrible.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! fit le vieillard en sanglotant, ayez pitié de nous !

Habitué à consoler les affligés, le prêtre dit : « Oui, mon cher François, Dieu vient toujours en aide à ceux qui l’implorent dans les heures douloureuses ; adressez-vous à lui en toute confiance. Mais comme je suis, par état, le représentant de Dieu auprès de mes ouailles, j’ai le droit de connaître tous leurs chagrins. Parlez sans crainte, mon vieil et bon ami ! »

— Eh bien ! M. le curé, je vais vous dire, en peu de mots, ce qui m’afflige aujourd’hui.

Et le vieux serviteur raconta la rencontre qu’il avait faite à Montréal, et tout ce que Philippe lui avait appris sur le compte du clerc notaire. Puis il répéta ces paroles de Jean-Charles qui l’avaient foudroyé :

« Je l’accepte (cette somme) avec reconnaissance, d’abord parce qu’elle me vient d’un cœur noble et généreux, et ensuite parce que j’en aurai bientôt besoin pour aider mon frère qui étudie avec succès le notariat à Montréal. »