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Depuis environ deux semaines, un vieux prêtre français, l’abbé Failloux, qui voyageait pour sa santé, était venu se reposer au presbytère de Sainte-R…

C’était un patriote dont le cœur était rempli du noble désir d’implanter sur cette terre canadienne les vieilles coutumes de la patrie française.

Un soir, il dit à l’abbé Faguy : « Dans ma paroisse, M. le curé, et dans plusieurs paroisses de la France, nous fêtons, le 23 juin au soir, les feux de la Saint-Jean. Mes paroissiens préparent un bûcher auprès duquel nous nous rendons en procession ; je bénis le bûcher et j’y mets le feu. C’est le signal de la fête qui dure deux heures. D’abord les assistants viennent tour à tour se plonger la tête dans la fumée pour recevoir le baptême du feu. Ensuite, les jeunes gens dansent autour du bûcher tandis que les hommes d’âge mûr et les vieillards entonnent des chants patriotiques.

C’est tout à fait charmant.

Puis, quand le feu est éteint, chacun prend un tison qu’il conserve précieusement au foyer domestique jusqu’à la fête suivante. Mais les feux de la Saint-Jean ne sont que le prélude de la fête religieuse et nationale qui a lieu le lendemain, et dont le programme se compose d’une messe solennelle avec sermon et musique,