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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/336

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Dans le chapitre précédent, nous avons laissé Jean-Charles au moment où il arrivait à Berlin, petite ville située dans l’état du New-Hampshire.

Berlin, qui est aujourd’hui un centre industriel important, avec une population assez considérable, n’était pour ainsi dire à cette époque qu’un village peu remarquable et peu remarqué. Ses habitants étaient presque tous des catholiques qui avaient quitté l’Irlande pour échapper à la persécution.

Notre héros connaissait cela par les différents ouvrages américains qu’il avait lus. Berlin convenait bien à la vie ignorée qu’il se proposait de mener désormais ; là il pourrait librement remplir ses devoirs religieux. C’était l’essentiel pour lui.

Mais le malheureux craignait de se compromettre en répondant franchement aux questions qui lui seraient posées. Il ne voulait avoir jamais recours au mensonge. Comment s’y prendre pour sortir d’embarras ? Il résolut, en mettant le pied sur le sol américain, de faire le muet.

Il s’assignait là un rôle excessivement difficile à jouer. La moindre distraction pouvait le trahir. Pour ne pas être exposé à oublier son rôle, il prit l’habitude de garder toujours dans sa bouche un petit caillou, qui devait lui servir de moniteur au besoin.