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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/337

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C’est donc avec un petit caillou dans la bouche, que Jean-Charles, le 2 juillet au midi, se présenta, à Berlin, chez un nommé Patrick Kelly, fermier assez à l’aise, qui habitait, avec sa femme et deux grands garçons, une jolie maison blanchie à la chaux.

En voyant arriver cet homme, ce géant, sale, couvert de poussière et les habits en lambeaux, les membres de la famille Kelly éprouvèrent de la surprise et de la frayeur.

L’étranger les salua, et, par des signes qu’il avait longtemps pratiqués, leur fît comprendre qu’il ne parlait pas et qu’il désirait, en payant, avoir quelque chose à manger.

Douze dollars, qu’il avait pu soustraire aux flammes, composaient toute sa fortune.

Le vieux fermier lui répondit qu’il ne voulait pas accepter d’argent, et lui offrit de bon cœur de partager le modeste repas de famille. Il approcha de la table une chaise et invita l’étranger à s’y asseoir.

Mais celui-ci déclina la politesse et exprima, toujours par signes, qu’il mangerait quelques bouchées sur le perron de la maison.

La vieille fermière joignit ses instances à celles de son mari, mais sans plus de succès. Le visiteur paraissait tenir à manger seul et à l’écart.

On lui servit de la bonne soupe, du lard, des