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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/364

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société il ne peut exister de commerce. Ces trois mots retracent le mouvement qui s’accomplit parmi les individus et résultant de l’échange des services ou des idées, produits de la force musculaire ou des efforts intellectuels. Plus la forme de la société est parfaite, plus seront toujours considérables les différences entre ses diverses parties, plus sera toujours, également, continu et régulier leur mouvement réciproque, et plus sera considérable la force exercée. Il en est de même à l’égard de tout instrument inventé par l’homme, dans le but d’asservir à son profit les forces prodigieuses de la nature. Les merveilles accomplies par la machine à vapeur sont grandes ; elles le sont à tel point qu’elles seraient regardées comme tout à fait incroyables, par un individu qui aurait quitté le monde il y a cinquante ans ; et cependant il n’est guère possible de fixer un prix que l’on ne payât pas aujourd’hui, à qui trouverait le secret d’une machine rotatoire fonctionnant parfaitement, par la raison, qu’au moyen de cette machine, la rapidité du mouvement pourrait encore être augmentée d’autant. C’est le mouvement continu de la société que recherchent les individus, lorsqu’ils aiment mieux conclure leurs affaires tète à tète et verbalement, plutôt que d’avoir recours au mouvement constamment interrompu de la correspondance. C’est ce mouvement que cherche tout inventeur d’une machine, tout possesseur d’usine, tout individu, en réalité, qui désire accroître son empire sur les forces que la nature fournit pour les besoins de l’homme. C’est ce mouvement que nous retrace Adam Smith dans les passages suivants, que nous donnons dans toute leur étendue, par ce motif que leur illustre auteur est cité fréquemment comme une autorité à l’appui du système qui a pour but de fonder le trafic aux dépens du commerce.

« Un pays enfoncé dans les terres, naturellement fertile et d’une culture aisée, produit un grand surcroît de vivres, au-delà de ce qu’exige la subsistance des cultivateurs et l’énormité des frais de transport par terre. L’incommodité de la navigation des rivières peut, souvent, rendre difficile l’exportation de cet excédant de produits. L’abondance met donc les vivres à bon marché et encourage un grand nombre d’ouvriers à s’établir dans le voisinage, où leur industrie leur permet de satisfaire aux besoins et aux commodités de la vie, mieux que dans d’autres endroits. Ils travaillent sur place les matières premières que