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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/380

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se sont unis pour fournir le million désiré sont inscrits au crédit sur ses livres pour la somme entière. Son argent n’étant plus placé, il se présente le lendemain sur le marché comme acquéreur ; mais malheureusement pour lui, il y retrouve la banque qui se présente dans la même capacité. La première tentative a donné de très heureux résultats, — les dépôts de la banque ont augmenté et à la fois ses placements. Ce succès l’enhardissant à répéter l’opération, elle achète un autre million avec le même résultat. La banque obtient les valeurs et les propriétaires reçoivent crédit sur ses livres ; et plus elle contracte ainsi de dettes, plus on lui suppose de moyens à sa disposition. Au second million, les prix ont encore monté, au troisième ils montent de plus belle et de la sorte à chaque million qui succède. La monnaie semble surabonder parce que les heureux possesseurs de ces millions de valeurs sont en quête de placements avantageux ; tandis que la surabondance réelle consiste uniquement en débets contractés par la banque. Les prix progressant de jour en jour, et le surcroît rapide de fortune engendrant l’esprit de spéculation, on crée de nouveaux stocks dans le but d’employer l’énorme montant du surcroît de numéraire. On projette de nouveaux chemins de fer, on prend des engagements considérables — car on entrevoit une prospérité sans bornes. Des hommes qui devraient être à cultiver du blé sont mis à détruire les vieilles routes qui feront place aux nouvelles, ou à bâtir des palais pour les fortunés spéculateurs. On a donné des ordres immenses pour le fer, la brique, la charpente, les prix s’élèvent rapidement et l’Angleterre devient une bonne place pour vendre, mais une mauvaise pour acheter. Les importations augmentent et les exportations diminuent. Le lingot sort, la banque est forcée de vendre les valeurs. La baisse des prix vient paralyser les affaires. Les routes à demi faites ne se peuvent achever. Des gens, par dizaines de mille, s’aperçoivent que leur propriété a disparu, et la banque — échappée avec difficulté à la ruine qui est son œuvre — se réjouit du résultat de ses opérations et se prépare à recommencer à la première occasion. C’est là l’histoire de 1815, 25, 36, 39 et 47, toutes époques auxquelles la banque — ayant fabriqué « des dépôts » en monopolisant des valeurs — est tombée dans l’erreur de croire que l’accroissement de sa propre dette, était l’indice d’un surcroît actuel de monnaie. Chaque fois que cet établissement achète une valeur — qui est toujours le re-