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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/379

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fonds ou par ceux qui se servent de ses billets, et c’est très généralement le cas.

Comme plus elle a de débets, plus elle a pouvoir de prêter, et plus s’élèvent ses dividendes, un intérêt s’est produit à l’instant en antagonisme avec celui de la société dans laquelle elle fonctionne. Tout ce qui tend à diminuer la sécurité ailleurs, tend à augmenter la nécessité de recourir à un grand établissement qui ne donne point d’intérêt à ses créanciers. Il y a plus, tout ce qui tend à diminuer la facilité d’association, tend également à augmenter la difficulté de trouver des modes satisfaisants de placement, — et par là s’accroît la quantité de monnaie qui gît improductive pour ses propriétaires, dans les caves de la banque pour être employée ou non, au choix des directeurs et pour le profit de la banque seule. Si ceux-ci ont vouloir d’en user, ils ont pouvoir d’augmenter le volume de la circulation. — Cela fait, ils peuvent, par un autre exercice de leur vouloir, retirer cette quantité et par là produire ces oscillations dont notre époque a vu tant d’exemples — les crises financières étant devenues si fréquentes qu’on s’y attend à des périodes certaines et courtes, qui ont presque la régularité des changements de saison.

§ 11. — Comment les expansions et les contractions des banques affectent le mouvement sociétaire.

Pour édifier ceux qui n’ont pas suivi l’opération d’une extension, il convient de montrer ici comment cela se pratique. Supposons d’abord une situation d’affaires où chaque chose est au pair, — la monnaie s’obtient sur bons effets à un taux convenable d’escompte et sur hypothèques au taux ordinaire d’intérêt ; tandis que ceux qui ont moyens disponibles trouvent à obtenir de bons placements qui leur donnent le taux ordinaire de profit. — L’offre journalière de monnaie et de valeurs se balance. Dans cette situation des affaires, les directeurs de la banque, — sachant qu’il y aura avantage à augmenter leurs placements, jusqu’à la somme d’un autre million, — achètent pour cette somme des bons de l’échiquier ou d’autres valeurs. À l’instant l’équilibre est rompu, — une demande de valeurs s’étant produite en excès sur l’offre ordinaire. Les prix montent, — quelque infortuné capitaliste est tenté de vendre — dans l’espoir qu’il y aura demande moindre le lendemain et qu’alors les prix tomberont, ce qui lui permettra de racheter à un prix inférieur. À la fin du jour ses valeurs ou autres titres sont devenus la propriété de la banque — lui et les autres qui