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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/203

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mais plus spécialement aux impôts sur la terre, qu’il qualifie de « primes à perpétuité, concédées à la paresse et à l’imprévoyance » — en faveur de ceux qui ont laissé leurs terres sans amélioration tandis que leurs voisins ont mis les leurs en état de donner vingt, trente ou quarante bushels par acre, dans des localités où le rendement moyen n’avait été jusqu’alors que de cinq, six ou huit bushels. La réponse nous semble se trouver dans le fait : que le plus rapide accroissement dont l’histoire fasse mention dans la production agricole est celui signalé dans le demi-siècle qui a précédé l’abolition de l’impôt territorial land-tax, — période signalée également par une grande amélioration dans la condition du travailleur agricole. Depuis lors les impôts directs ont disparu, mais la rente territoriale du Royaume-Uni est demeurée pendant quarante ans à peu près stationnaire, tandis que la condition de celui qui laboure la terre a beaucoup empiré[1].

Sur le continent, nous trouvons la terre gagnant rapidement en valeur là où la taxation devient de plus en plus directe, tandis qu’elle perd dans tous ceux où la taxation devient plus indirecte. L’Italie et la Grèce des anciens temps nous montrent la taxation directe en usage alors que la terre gagne en valeur et l’homme en liberté ; — la taxation indirecte la remplaçant alors que la terre se consolide et que l’homme retourne à l’esclavage. On pourrait donc voir, dans la théorie de M. Mac Culloch, un peu plus que la constatation du phénomène observé dans tous les pays, où, comme en Angleterre, la terre va se monopolisant et les petits propriétaires disparaissant. On conçoit que le propriétaire de vastes domaines « soit paresseux et négligent ; » — ce ne peut être le fait des petits propriétaires.

Après son objection à l’impôt territorial, M. Mac Culloch ne veut pas non plus de ceux qui affecteraient le fond des banques et des compagnies d’assurances. Il tient « que ce serait en réalité un impôt sur la propriété des classes les plus utiles et les plus industrieuses de la société, ce De tels impôts, dit-il, induiraient beaucoup de gens à conserver leur capital oisif chez leur banquier particu-

  1. Voyez précéd., vol. xi, p. 94. La terre en Angleterre payait, en 1814-15, 34.330.463 liv. sterling et celle d’Écosse 5.075.242 liv. st. — ce qui forme un total de 39.405.705. En 1848, le total est de 47.982.221. Dans le même temps la terre d’Irlande a beaucoup perdu.